Chapitre 6

    Après ce jour, Hu Zhe n'était plus jamais revenu à l'école, Ye Hanzheng appelait toujours Lu Mingxiao jeune maître, mais quand il y avait du monde, sa voix était beaucoup plus basse.

 

    En un clin d'œil, c'était les vacances d'hiver, Lu Mingxiao n'avait finalement pas à se lever tôt, et dormait jusqu'à 14h00 ou 15h00 de l'après-midi enveloppé dans une couette, même s'il se réveillait, il n'avait pas envie de se lever.

 

    Le majordome sourit et dit : "Le jeune maître n'aime pas quitter la chambre quand il fait froid, comme un petit animal qui ne fait qu'hiberner."

 

    Un animal qui hibernait ?

 

    Ye Hanzheng était appuyé contre la porte de la chambre, et vit Lu Mingxiao allongé sur le grand lit moelleux, l'arrête droite de son nez s'enfonçait dans l'oreiller, ses cheveux étaient un peu en désordre, obstruant une paire d'yeux particulièrement beaux, pas comme un ours polaire, ni comme un serpent froid, mais au contraire comme un gros chat, recroquevillé dans la couverture chaude, paresseusement.

 

    Chut, tu ne peux pas l'appeler grand chat devant lui, il n'aimerait certainement pas ça.

 

    "Hanzheng."

 

    Le majordome l'appela en bas, tenant une note à la main : "Te souviens tu encore du directeur Long ?"

 

    Ye Hanzheng courut : "Je me souviens, oncle Long gē m'a envoyé ici."

 

    Le majordome lui tendit la note : "Le directeur Long a appelé tout à l'heure, disant que tu manquais à ton oncle et à ta tante. À l'origine il n'y avait que M. Ke Wen qui avait le numéro, mais vous vous êtes séparés, alors il m'a laissé te le transmettre." Il prit son téléphone portable et demanda : "Veux-tu appeler ?"

 

    Ye Hanzheng secoua la tête, et le majordome dit : "Alors laisse-moi t'apprendre, s'ils te manques à l'avenir, tu pourras les appeler."

 

    Ye Hanzheng dit merci, et regarda attentivement comment le majordome composait le numéro d'oncle Chen pour lui.

 

    "Bonjour ? Qui est-ce ?"

 

    Le majordome lui tendit le téléphone portable, se retourna et partit, Ye Hanzheng se tint dans les escaliers et dit joyeusement : "Oncle, c'est moi."

 

    "Hanzheng ?" L'oncle Chen cria avec surprise, puis tourna la tête et appela dehors : "C'est l'appel de Hanzheng, rentre vite." Dix secondes plus tard, tante Wang courut également, se collant au téléphone elle demanda : "Hanzheng, comment ça va en ville ?"

 

    Ye Hanzheng dit : "Bien, et l'oncle et la tante ?"

 

    "Bien bien bien, tout va bien." Tante Wang demanda : "Et ton père ? Est-ce qu'il te traite bien ?"

 

    Ye Hanzheng hésita quelques secondes, baissa les yeux et dit : "Ń... papa est bon avec moi aussi."

 

    Tante Wang fut soulagée : "C'est bien, y a-t-il quelqu'un d'autre... dans la maison de ton père ? Tu es parti si vite la dernière fois que tante n'a pas pu demander clairement."

 

    Ye Hanzheng déclara : "Il y a un majordome, un maître de maison... des grands-parents... et aussi un gēgē."

 

    "Ah ? Et aussi un gēgē ?" Tante Wang était un peu inquiète : "Quel âge a-t-il ?"

 

    "Nous sommes dans la même classe."

 

    "Oh, ton père est vraiment obscène." Tante Wang pensait que le père de Ye Hangzheng avait trompé deux femmes en même temps, après avoir juré quelques mots avec colère, elle devint encore plus inquiète : "Ton gēgē t'a-t-il intimidé ?"

 

    "Non non." Ye Hanzheng dit : "Mon gēgē est très gentil avec moi, nous allons à l'école ensemble, et jouons à des jeux ensemble."

 

    Ce ne fut qu'alors que tante Wang se sentit soulagée, et lui demanda de mettre plus de vêtements, Ye Hanzheng l'écouta divaguer et parler sans fin, se mordit le coin de la bouche et dit d'une voix serrée, "Tante."

 

    "Quoi."

 

    "Tu me manques un peu."

 

    Cette phrase fit instantanément rougir les yeux de tante Wang, pendant tant d'années, ils avaient été plus proches que des parents, elle s'étouffa et dit : "Tu manques aussi à tante, quand nous aurons le temps, oncle et tante viendront là-bas pour te voir."

 

    C'était plus facile à dire qu'à faire, mais l'oncle Chen et sa femme avaient déjà la soixantaine et n'avaient jamais voyagés loin, donc ce n'était pas réaliste de venir ici.

 

    Ye Hanzheng sourit et dit : "Non, je ferai mieux d'attendre de grandir et de revenir te voir, et de t'apporter quelque chose de délicieux." Tous les trois dirent quelques mots de plus avant de raccrocher le téléphone à contrecœur.

 

    Il avait encore neigé ce matin, recouvrant le sol comme des plumes d'oie, Ye Hanzheng regarda par la fenêtre dans un état second, après quelques minutes, il se souvint de rendre le téléphone au majordome, quand il se retourna, il eut tellement peur qu'il laissa tomber le téléphone au sol.

 

    Lu Mingxiao s'était réveillé à un moment donné, et se tenait sur les marches derrière lui, il devait être ici depuis longtemps, écoutant son appel téléphonique en silence.

 

    "Jeune maître..."

 

    "Menteur."

 

    Ye Hanzheng voulait s'expliquer, mais il ne savait pas comment le dire, il avait vraiment menti à son oncle et à sa tante, il ne voulait pas qu'ils s'inquiètent pour lui, il voulait prétendre que rien ne s'était passé et demanda : "Le jeune maître veut-il manger ?"

 

    Lu Mingxiao dit avec colère : "Suis-je un cochon ?"

 

    "Quoi ?"

 

    "À part manger et dormir toute la journée, je ne peux rien faire d'autre ?" Il était féroce à chaque fois qu'il se levait, Ye Hanzheng y était habitué, il le suivit et dit : "Alors que veut faire le jeune maître ?"

 

    "Je ne sais pas." Lu Mingxiao mit ses mains dans les poches de son pantalon de pyjama : "Penses-y et fais-moi savoir quand tu y auras pensé."

 

    Quand le temps était moins froid, Lu Mingxiao allait jouer au football, bien que la neige venait de s'arrêter, il n'avait pas encore eut le temps de nettoyer, cela devait être gênant de courir, Ye Hanzheng raccrocha le téléphone et le rendit au majordome, puis se rendit à la cuisine et dit à la cuisinière de préparer quelque chose à manger. Il jouait rarement dans le passé, et passait la plupart de son temps à faire ses devoirs ou à aider tante Wang à balayer le sol et à faire le ménage, s'il neigeait, il portait des vêtements épais, et suivait l'oncle Chen pour attraper des moineaux dans les terres agricoles environnantes, prenait un bol de millet jaune, attachait un long cordon de laine à la branche, plaçait le panier en bambou sur la neige dans la clairière, puis se cachait au loin, attendait qu'un petit moineau très affamé passe sous le panier en bambou, et tirait sur la branche, attrapant la petite chose.

 

    Alors que Ye Hanzheng disait cela, ses yeux brillèrent, Lu Mingxiao fronça les sourcils et regarda dehors, puis le suivit dans le jardin.

 

    "Attrape le."

 

    Le majordome avait préparé tous les outils nécessaires, et Ye Hanzheng courut vers une clairière avec un panier en bambou, suivit les étapes enseignées par l'oncle Chen, installa petit à petit le piège, puis s'allongea tranquillement dans la neige, n'osant pas respirer, heureusement maintenant que le soleil était sorti, il ne faisait pas si froid, c'était bien de s'allonger un moment.

 

    "Jeune maître pensez-vous, qu'il peut l'attraper ?" Le majordome prit un manteau, et le mit sur le corps de Lu Mingxiao, il avait vraiment peur du froid, alors il resta juste à la porte.

 

    "Qu'il attrape un fantôme, je n'ai jamais vu beaucoup d'oiseaux en été, encore moins en hiver."

 

    "Alors pourquoi le jeune maître l'a-t-il laissé sortir ?"

 

    Lu Mingxiao était insensible et cruel : "C'est bien d'être oisif, et de regarder un spectacle en direct."

 

    Le majordome ne put s'empêcher de rire.

 

    Lu Mingxiao leva la tête et le regarda : "Qu'est-ce qui te fait rire ?"

 

    Le majordome déclara : "J'ai aussi entendu Hanzheng parler au téléphone, il semble avoir le mal du pays."

 

    Lu Mingxiao dit : "Et alors ?"

 

    Le majordome dit : "Le jeune maître a peur que s'il continue à y penser, il soit triste n'est-ce pas ? C'est pourquoi vous lui avez demandé de trouver quelque chose à faire, pour le distraire."

 

    Lu Mingxiao se retourna et partit : "Ne parle pas dans le vent, je suis juste libre sans rien à faire."

 

    Après avoir attendu près d'une demi-heure, Ye Hanzheng n'avait rien attrapé, Lu Mingxiao était déjà entré dans la maison, il était assis sur le canapé enveloppé dans une épaisse couverture en regardant la télévision, il regardait les informations financières, on ne savait pas s'il comprenait ou non, mais il avait l'air plutôt sérieux.

 

    Quand Ye Hanzheng entra, son visage était rouge, et le haut de sa tête fumait encore, il n'avait pas attrapé de moineau, au lieu de cela il avait aidé le majordome, et les serviteurs à nettoyer le jardin, Lu Mingxiao lui jeta un coup d'œil, éteignit la télévision et voulut monter à l'étage pour dormir, mais Ye Hanzheng appela le jeune maître, et se précipita.

 

    Lu Mingxiao demanda : "Qu'est-ce que tu fais ?"

 

    "Ceci est pour toi." Il plissa les yeux et joignit ses mains, dans la paume de sa main se tenait un petit oiseau potelé fait de neige, avec l'air idiot.

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